En 1985, j’ai rencontré Kerstin Linde, une thérapeute autodidacte sans formation médicale formelle. Elle travaillait avec des enfants et utilisait des mouvements créés à partir des mouvements faits par les bébés avant de marcher. On m’a dit qu’elle avait beaucoup de succès dans le traitement des enfants et des adultes ayant de graves handicaps neurologiques ou autres. Quand je l’ai rencontrée, j’avais besoin de soigner mes propres difficultés motrices causées par ma polio infantile et je suis devenu son patient. Sa façon de traiter m’a fortement impressionné et j’ai demandé l’autorisation d’assister à ses séances de traitement, ce qu’elle a généreusement accepté. J’ai suivi de près son travail avec les enfants souffrant de handicaps neurologiques comme la paralysie infantile et j’ai vu des améliorations incroyables qui entraient en contradiction avec ma formation et mon expérience médicales. J’ai aussi suivi son travail avec des patients atteints d’Alzheimer, de psychose ou d’autres troubles psychologiques ou émotionnels. J’ai été "renversé" par les effets positifs de ses traitements. J’ai fini ma spécialisation en psychiatrie en 1982 et j’ai travaillé comme psychiatre dans une clinique externe depuis cette date. En 1986, j’ai commencé à utiliser le RMT à ma clinique avec les patients névrosés et les patients psychotiques. J’ai eu d’excellents résultats avec ces traitements. Nous avons même vus des récupérations étonnantes chez des patients schizophrènes. Les patients étaient très reconnaissants et heureux des ces résultats, mais mon supérieur m’a interdit de continuer quand il a su ce que je faisais. J’ai refusé d’obéir et il s’est vu dans l’obligation de référer mon cas au National Board of Health and Welfare et une enquête débuta en 1988.

Dans son rapport au National Board of Health and Welfare, mon supérieur soutenait qu’il m’avait interdit d’utiliser cette méthode parce qu’elle n’était pas fondée sur une évidence scientifique et une expérience fiable, et de plus qu’elle n’était pas acceptée ni particulièrement bien connue. J’ai écrit un rapport de cinquante pages contenant dix études de cas présentant les effets du traitement et une vingtaine de mes patients écrirent au National Board pour témoigner de leur reconnaissance pour le traitement. Les représentants du National Board of Health and Welfare inspectèrent la clinique externe où je travaillais. Dans son rapport officiel, le National Board of Health and Welfare reconnut que le traitement était vécu très positivement par plusieurs patient et que le traitement par les mouvements était une contribution valable dans une situation qui apparaissait au point mort ou stagnante. Le Board concluait que, exiger que chacun des aspect du traitement doive reposer sur des preuves scientifiques complètes rendrait probablement le traitement psychiatrique stérile et par là même contredirait les valeurs et les messages humanistes que la psychiatrie doit aussi défendre. Dans le rapport, on me pressait de débuter un examen scientifique de cette méthode de traitement. Le Board terminait son rapport en critiquant mes supérieurs pour leur manque de coopération entre le traitement des patients externes et des patients internes, et il pressait la direction d’agir afin d’améliorer cette coopération.

En 1989, j’ai commencé une pratique privée et un collègue m’a invité à présenter la thérapie par le mouvement pour plusieurs malades chroniques gravement atteints de schizophrénie. La plupart étant hospitalisés depuis dix ans ou plus à l’hôpital psychiatrique. J’ai travaillé à ce projet deux jours par semaine et à ma pratique privée le reste du temps. En 1991, ce travail a évolué en projet de recherche, supervisé par un professeur de psychologie de l’Université d’Umea en Suède. Le programme de recherche devait durer cinq ans, mais il fut interrompu malheureusement en 1994 quand j’ai dû quitter mon travail à l’hôpital psychiatrique pour des raisons personnelles. Cependant, en 1993, un rapport fut rédigé traitant des changements observés à court terme chez des patients schizophrènes traités avec RMT. Le rapport fut soumis par deux étudiants en psychologie. Ils conclurent que les patients traités avec la thérapie par le mouvement présentaient les plus grands changements positifs. Entre autres changements observés, ces patients étaient plus aptes à prendre part à des activités sociales, à participer à la thérapie occupationnelle et à accomplir leurs tâches quotidiennes à l’hôpital. Ils étaient aussi plus intéressés à ce qui se passait dans leur environnement. En 1990, j’ai commencé à travailler comme consultant en psychiatrie dans une école anthroposophique Rudolf Steiner pour jeunes handicapés mentaux âgés de 15 à 23 ans. Je travaille encore à cette école. Certains jeunes sont déficients intellectuellement, d’autres souffrent d’autisme ou de TDA. J’ai utilisé RMT en plus d’y intégrer certains mouvements pour inhiber les réflexes archaïques, mouvements enseignés par Peter Blythe et son Institut INPP. Certains thérapeutes de l’école ont appris ces méthodes qui sont maintenant offertes aux élèves qui pourraient en bénéficier. Notre expériences nous montre que les élèves qui en profitent le plus sont les jeunes ayant des incapacités motrices, des problèmes d’apprentissage avec un TDA, ceux qui ont des psychoses et, dans une certaine mesure, les autistes.

Dans ma pratique privée, j’utilise RMT en plus des mouvements pour inhiber les réflexes archaïques. Cette approche a été particulièrement bénéfique pour les patients ayant souffert de dyslexie ou de TDA dans l’enfance. Mais tous les patients qui acceptèrent de faire les mouvements rythmiques en tirèrent profit puisque ces mouvements stimulent le processus thérapeutique, spécialement au niveau des rêves.

Après avoir quitté mon travail à temps partiel à l’hôpital psychiatrique en 1994, j’ai travaillé à temps plein dans ma pratique privée. À ce moment-là, j’ai enfin trouvé le temps d’écrire le livre sur RMT que je voulais écrire depuis 1986. Mon but était, entre autre, d’expliquer comment les mouvements rythmiques pouvaient améliorer les habiletés motrices et stimuler les rêves dans un processus de développement psychologique. Le livre présentait des cas de traitement à l’aide de la thérapie rythmique, un essai pour expliquer son mode d’action et une discussion générale sur les bases théoriques de la médecine scientifique. Le livre fut finalement publié en 1998 par une petite maison d’édition spécialisée dans le domaine des problèmes d’apprentissage et des sujets semblables. Aujourd’hui, il est disponible seulement en Suède.

Depuis 1990, j’ai donné beaucoup de conférences et de cours en RMT pour des thérapeutes, des enseignants et du personnel médical. Après la publication de mon livre, la demande pour ces cours augmenta. Au cours des trois dernières années, j’ai donné fréquemment des cours. Dans un institut pour l’apprentissage positif qui s’adresse surtout à des enseignants en classe de rattrapage, j’offre annuellement quatre ou cinq sessions de deux jours de formation sur les réflexes archaïques et la thérapie par le mouvement. L’emphase y est mise sur le traitement des enfants souffrant de dyslexie, de TDA ou de problèmes moteurs plus graves. Dans un programme s’adressant aux enseignants du préscolaire des écoles Montessori, j’enseigne une ou deux fois par année un cours sur le développement moteur de l’enfant et les mouvements rythmiques. Au cours des dernières années, j’ai donné plus d’une douzaine de cours à Stockholm et dans d’autres parties de la Suède, mais aussi en Pologne, à Singapour, en Malaisie, en Indonésie, à Hong Kong, en Australie, aux États-Unis, en France et en Suisse.

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